Je ne pouvais commencer cette série d’articles sur les livres qu’avec l’autobiographie de Sofia Tolstoï, femme du très célèbre écrivain Léon Tolstoï.
Mon intérêt pour l’oeuvre de Tolstoï est né à l’adolescence. Anna Karénine m’avait alors fait forte impression. Ses livres resteront pour moi les meilleurs livres jamais écrits. Il y a une dizaine d’années, j’ai commencé à m’intéresser à la vie de cet immense écrivain. J’ai alors découvert celle qui a partagé sa vie pendant de nombreuses années: Sofia.
Son livre est une mine d’information sur la Russie du XIXème siècle. Il est également un merveilleux support pour comprendre au mieux les deux grandes périodes de l’oeuvre de Léon Tolstoï.
On y découvre les circonstances qui mèneront à l’union de Sofia et Léon, de 16 ans son ainé. Sofia nous ouvre les portes de Iasnaïa Poliana où se déroule la vie de la famille. Elle dresse un portrait très précis de la société russe de l’époque, son l’organisation, ses traditions, ses changements au fur et à mesure qu’approche le XXème siècle.
Sofia partage sa vie entre obligations familiales et soutien inconditionnel à son mari. Son courage et son dévouement à sa famille sont une source d’inspiration incroyable. Ensemble, ils auront 13 enfants dont 5 mourront en bas âge. Les joies et les drames rythment la vie de famille. Sofia et Léon seront tantôt complices et fusionnels, tantôt en froid et distants. Elle recopiera inlassablement les manuscrits après des journées passées à s’occuper des enfants, de leur scolarité et de l’organisation de la maison. Elle se démènera auprès des éditeurs et de la censure pour la publication des livres de Léon Tolstoï.
Au fur et à mesure des années, un fossé se creuse entre les époux. Ils ne se comprennent plus, n’ont plus ni les mêmes opinions ni les mêmes préoccupations. Tolstoï décide de vivre une vie simple, rejette la société et ses systèmes, ne veux plus rien posséder. Sofia, elle, lui reproche de ne pas prendre en compte les besoins de la famille. De part sa gestion du quotidien, du domaine de Iasnaïa Poliana et de la maison de Moscou, elle a une vision plus pratique de la vie alors que Léon est régulièrement happé par des préoccupations religieuses ou existentielles.
Témoignage intime et historique, « Ma vie » nous plonge dans l’univers tourmentée de Sofia Tolstoï. La force qui se dégage de cette femme courageuse et obstinée inspire le respect.