Aujourd’hui, c’est le jour anniversaire de mon mari. Pas de chance c’est aussi celui des courses mais nous les récupérons dans l’après midi donc au lieu d’un gâteau d’anniversaire (plus d’oeufs à la maison) nous nous « rabattrons » sur une bonne glace ce qui ravit les enfants.
Notre courageux chef s’est dévoué contraint et forcé pour aller chercher les courses au drive. Attestation de sortie collée sur la vitre chauffeur dûment remplie, pièce d’identité sur le tableau de bord, le voilà parti !
A son retour, il me dit en riant qu’il a survécu ! Il n’a croisé sur les 15 kms de trajet que quelques tracteurs. Les gens respecteraient-ils enfin le confinement ? La gentille employée que nous connaissons bien lui a interdit de descendre de voiture et a déposé toutes les courses dans le coffre. Avec sa gentillesse habituelle, elle a procédé aux remplacements des produits manquants en préparant sa commande. Nous lui laissons sur la plage arrière un petit message.
Les achats sont déposés dans le garage pour quelques heures. Plus tard, on ôte les emballages carton et plastique, on lave soigneusement les légumes, nos mains, nos vêtements. Deux précautions valent mieux qu’une.
Pas de contrôle direct sur la route mais à distance, les gendarmes regardent le nombre de passagers dans la voiture (limité à une personne) et le présence de l’attestation sur la vitre.
Mes parents qui habitent à une demi heure d’ici ont eu moins de chance : pas de produits laitiers dans leur commande, pas d’oeufs… et à 8h30 du matin, constat révoltant, des dizaines de personnes agglutinées à la porte du supermarché prêts à dévaliser le magasin… Personne au drive… Mes parents reprogramment un drive pour les articles manquants : pas de créneau avant mardi prochain…
Une commande de surgelés arrivera demain matin à notre porte. Nous sommes tranquilles pour 3 semaines.
J’avais même prévu mon cadeau à l’avance pour une fois.
Ce sera une bonne soirée. Nous sommes ensemble.
J’ai passé le reste de ma journée à lire et à répondre aux mails sympas des parents, il y a même quelques photos de mes élèves. Tout le monde va bien même les parents qui, nombreux, sont soignants ou sont obligés de travailler. Ils me disent leur angoisse de ramener le covid avec eux à la maison et de mettre en danger leurs familles… Ils me disent l’angoisse de leurs enfants de les voir angoissés…Ils me disent aussi leur dévouement et leur besoin finalement de ne pas être ailleurs… Quel paradoxe ! Ça me rappelle la période des attentats où on nous a demandé d’apprendre aux élèves à se mettre en sécurité, à se cacher, tout en sachant que si le pire arrivait, nous serions tous condamnés, en première ligne et qu’évidemment nous préférerions faire rempart plutôt que de voir tomber un de nos jeunes élèves…
On est dans un film, un mauvais film de science fiction…