Avant de pouvoir poster sur notre vie ici en période de mesures restrictives, il va me falloir vous faire un petit historique de l’évolution de la situation au Canada depuis plusieurs semaines. Si je remonte le fil de mes conversations avec mon mari, il apparaît qu’avant les vacances de février qui, pour nous, ont eu lieu du vendredi 21 février au lundi 9 mars, le Covid n’était pas un sujet. Bien entendu nous avions suivi l’évolution en Chine, leurs mesures, les statistiques, les réactions à l’international. Mais à ce moment là, le virus ne s’était pas encore propagé partout dans le monde, ou alors très peu.
Le 25 janvier, le Canada identifie son premier cas de Coronavirus: une personne ayant séjourné à Wuhan est hospitalisée à Toronto. Au moment de la découverte de ce cas, quelques cas commencent à apparaître dans le monde. Le 25 janvier 2020, il y a 3 cas en France et deux aux Etats-Unis… Et 41 décès, tous en Chine.
Nous sommes partis en vacances à Orlando avec les enfants. Pendant notre séjour, la situation a dégénéré en Italie et mon mari a commencé à suivre ça de très près. Le 28 février, les chercheurs italiens ont annoncé avoir isolé la « version italienne » du virus et ont déclaré que le virus avait circulé inaperçu pendant plusieurs semaines. Le 3 mars, l’Hôpital général Juif a ouvert les portes de son service conçu pour les maladies infectieuses aux journalistes. Cet hôpital a été désigné par Québec pour accueillir les patients gravement atteints par le Covid. Ce service compte 24 lits. Pour les enfants, c’est l’hôpital Sainte Justine qui sera l’hôpital de référence. À Québec, 2 établissements ont été désigné par Québec pour la prise en charge des patients atteins. Au total au Québec, nous avons 700 chambres à pression négative et les hôpitaux désignés comme centre de référence pour le Covid auront la priorité en ce qui a trait à l’approvisionnement en matériel de sécurité pour protéger le personnel hospitalier.
Le premier cas de transmission locale apparaît en Colombie Britannique le 6 mars. Ce jour-là, nous recevons un courriel de l’école des enfants: les personnes ayant voyagé en Chine, en Iran, en Italie et dans certaines régions françaises pendants le congé d’hiver sont priées de ne pas mettre leurs enfants à l’école le lundi et ce, pour 14 jours. Le 7 mars, il y a 3 cas au Québec. Le 9 mars, Marc Lipsicht, épidémiologiste de l’Université d’harvard, estime que 20 à 60% de la population mondiale sera infectée par le Covid-19.
L’inquiétude monte quand à la probable arrivée massive et simultanée de patients dans les hôpitaux. Le système de santé serait débordé et les soignants tomberaient malades à leur tour.
Autre inquiétude: les Etats-Unis. La frontière étant ouverte avec le Canada, beaucoup de cas pourraient nous venir des Etats-Unis. À ce stade, nous ne parlions pas encore de la fermeture des frontières. Ce sujet va, par la suite, être source de tensions et de désaccord entre le gouvernement fédéral et le provincial. Le 10 mars, l’OMS qualifie la situation de pandémie. Sur le site du gouvernement du Canada, des consignes sont émises pour les individus et les communautés. Il est bien entendu question des mesures élémentaires d’hygiène mais également de la préparation de la population en terme de médicaments, d’organisation en cas de maladie et de denrées essentielles à prévoir en cas de confinement.
Titre du journal « Le journal de Montreal » le 10 mars: « Covid-19: la Ville de Montreal passe en mode« alerte ». Le même jour, le Collège international Marie de France décide de fermer ses classes de niveau collège et lycée à cause d’un possible cas de Coronavirus. Ce jour là, je relève une citation du professeur Lescure qui m’a fait sourire: « (…) personne n’en doute plus, ça va secouer » À partir de là, tous les jours, les nouvelles et les études sont de plus en plus alarmantes. Le jeudi 12 mars, le premier ministre du Québec M. Legault prend des mesures: interdiction des rassemblements de plus de 250 personnes, spectacles, concerts, salons en tout genre annulés ou reportés, télétravail à favoriser, placement en isolation volontaire de toutes personnes revenant de l’étranger, quelque soit le pays, augmentation du nombre de tests pour atteindre les 3000 par jour etc…
Le même jour, le soir, nous recevons un courriel de l’école des enfants: le Collège Stanislas ferme ses portes pour une durée indéterminée. Cette annonce coïncide avec la fermeture des écoles en France. Les établissements du Québec annoncent tour à tour leur fermeture. Le 12 mars, le Québec comptait 17 cas confirmés, 138 dans tout le Canada. Entre temps, les Etats-Unis ont fermé leur frontière avec les pays d’Europe. M. Legault rencontre M. Trudeau à propos d’une possible fermeture des frontières. Celui-ci n’accède pas à sa demande et prévoit plutôt mieux contrôler les voyageurs qui arrivent à l’aéroport. Ce faisant, le lundi 16 mars, M. Legault et Mme Plante (mairesse de Montreal) décident de dépêcher des dizaines d’employés de la santé publique à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau pour enjoindre aux voyageurs arrivant dans la métropole de s’isoler pour 14 jours car les consignes ne sont pas toujours énoncées clairement et certains voyageurs semblent n’avoir pas l’intention de se mettre en quarantaine dès leur arrivée. Le 16 mars en début d’après-midi, notre 1er ministre Justin Trudeau annonce la fermeture du Canada aux étrangers, saufs aux Américains. À ce jour, nous avons plus de 380 cas au Canada. Le plus gros foyer se trouve en Ontario avec 177 cas. Le Québec en compte 50. Nous suivons l’évolution plusieurs fois par jour que ce soit pour la France ou le Québec. Les nouvelles d’Europe ne nous rassurent pas et nous espérons que les mesures prises tôt par le gouvernement Legault nous permettrons d’échapper au pire de la crise.